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Le Torgileo ou Bellefontaine

Un bateau [pas comme les autres] dans un village de pêcheur

7 juillet 2019
Torgileo de près Bellefontaine Martinique
Torgileo ponton bellefontaine

Beau bateau, Bellefontaine

 

Bellefontaine est la plus petite commune de la Martinique. Située sur la côte Caraïbe, elle doit son nom à un colon français, Guillaume Michel, dit Bellefontaine, qui s’y était installé. La petite ville accueille une imposante centrale EDF, fournissant tout ou partie de l’électricité de l’ile, et depuis 2005, un lycée hôtelier très prisé, où se pressent quelques trois cent élèves impatients d’apprendre la cuisine, la pâtisserie, le service et toutes les spécialités hôtelières. 

Mais depuis plus longtemps, Bellefontaine abrite un trésor, une curiosité. Un bateau maison ou une maison bateau… Né de l’imagination d’un ingénieur diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’arts et métiers, un Gadz’Arts comme on les surnomme, et de son amour pour sa femme et son fils. 

Le Torgileo, Tor pour Victor, son concepteur, Gi de Virginie, sa muse et Leo, leur fils adoré. 

En 1946, Victor Dubois et sa famille passe leurs vacances à Bellefontaine. Ils y possèdent un lopin de terre face à la mer, en haut de la falaise, à l’angle arrondi des rues Félix Eboué et Joseph Lagrosilliere. Victor, architecte, a l’intention d’y construire leur maison. Il désire la construire sur pilotis, les pieds sur terre et la tête dans les étoiles. Mais, Virginie n’est pas emballée par cela. Pendant que ses parents rêvent et échafaudent leur futur « home sweet home », Léo vadrouille et passe du temps avec les pêcheurs, qui le prennent en affection et lui montrent leur trouvaille : les éléments du gréement d'un navire torpillé. En mai 1942, le navire « Presidente Trujillo », venu de République Dominicaine déposer des bœufs dans la rade de Fort-de-France, est attaqué par un sous-marin allemand et coule à Bellefontaine. Les pêcheurs ont pris ces agrès et connaissant le projet de construction de Victor, les lui proposent. 

Une maison comme un bateau… Quoi de plus beau face à l’eau ? Rendre vie à un bateau en lui faisant abriter une vie ? L’idée emballe la famille ! 

Pendant deux ans, le chantier bat son plein. Sous la houlette de Victor, et selon une maquette réalisée par un sculpteur martiniquais, beaucoup de bellifontains travaillent. « Bateau nou » (notre bateau) prend forme. La coque est peinte en bleu outremer, avec une large bande blanche, étincelante au soleil, abritant les hublots des chambres et accueillant, en belles lettres bleues, le nom de la maison. La route passe sous l’édifice, grâce aux plans de construction de l’ingénieur, qui ne laisse rien au hasard. Un pont promenade permet de contempler l’immensité de la Mer des Caraïbes. Parasismique avant l’heure, la maison est construite avec des bambous à la place des fers, rares à cette époque. Les bambous offrant leur souplesse, leur légèreté mais aussi et surtout leurs résistance et solidité. Preuve en est : après quinze tremblements de terre, dont l’un d’une magnitude de 7.4, le Torgileo est toujours fièrement installé en haut, face à la mer. 

En 1948, les Dubois posent leurs valises dans leur maison bateau. Le soir, bercés par le chant des grenouilles, ils égarent les soucis dans la contemplation de l’horizon. Victor prend l’habitude, et Leo ensuite, de répondre aux coups de cornes des transatlantiques qui s’annoncent en faisant fonctionner dans la nuit noire le sifflet de locomotive, qu’il a reçu en cadeau. Les marins pêcheurs bellifontains, avant d’accoster sur les plages de sable gris et de galets, cherchent la proue des yeux pour se laisser guider. 

Le bateau veille. Sur cette famille qui la fait naitre. Sur cette commune qui l’abrite. Sur tous ceux qui ont l’âme voyageuse. 

Vingt-six ans plus tard, en ouvrant le Torgileo aux gourmands, Léo devient restaurateur. Il les accueille avec sincérité et gentillesse, chaleur et amitié, et leur propose les spécialités de Bellefontaine, plats créoles et poissons fraichement pêchés par les fils et petit-fils de ceux qui lui ont offert l’ossature de sa maison. Touristes et locaux accourent, pressés de découvrir cet endroit magique, unique. Sur le pont, à leur tour, ils se prennent à rêver. Puis, ils dansent, au son du steel-band de Luigi, le fils et petit-fils, musicien. 

La vie ainsi a continué. Luigi est devenu l’un des meilleurs steel-panniste de la Caraïbe. Le restaurant a été fermé. Le bateau maison est resté Torgiléo. D’autres aujourd’hui, à l’écart des regards, observent le soleil se coucher dans la mer des Caraïbes, l’enflammant de ses rayons ocrés, orangers, flamboyants. 

Alors, si vous traversez la commune de Bellefontaine, par la route qui borde la mer et ses plages, avant le ponton si vous venez de Fort-de-France, regardez là-haut, à droite. 

Le Torgileo vous offrira sa proue bleue, son rêve, et son histoire. 

Les photos vous sont proposées par Green Eyes ;)